Les compagnies pétrolières réchauffent la planète depuis 1960 (et elles les savaient déjà)

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Oil Refinery at Dawn

Oil Refinery at Dawn

Au cours des sept dernières décennies, le monde a été témoin d’une expansion sans précédent du secteur des combustibles fossiles. Les sociétés pétrolières ont joué un rôle central dans la configuration de notre paysage énergétique mondial. Néanmoins, le spectre des conséquences écologiques a continuellement projeté son ombre imposante.

Dès les années 1950, des archives internes au sein de ces conglomérats laissaient entrevoir une prise de conscience croissante des méfaits potentiels causés par leurs produits. Ces archives examinaient la viabilité prolongée des combustibles fossiles et leurs répercussions sur la biosphère.

Malgré leur conscience dissimulée, les entreprises pétrolières ont investi massivement dans la manipulation de l’opinion publique, cherchant à minimiser les dangers associés aux combustibles fossiles. Elles ont financé des recherches qui contredisaient leurs révélations secrètes, créant un voile d’ambiguïté autour de la question de la transformation climatique.

Explorez une compilation étendue de documents confidentiels, dévoilant le débat climatique persistant et les efforts des entreprises pour nier la vérité indéniable, sur https://www.climatefiles.com. Les compagnies pétrolières savaient qu’elles réchauffaient le monde depuis 1960, et voilà déjà des preuves.

Voici un texte traduit de la société Total (à l’époque ELF) datant de 1971. Cette année-là, le magazine de la société, Total Information, contenait un article intitulé « Pollution atmosphérique et climat » (Durand-Dastès, 1971). L’article déclarait :

Depuis le XIXe siècle, les êtres humains brûlent des quantités croissantes de combustibles fossiles. Cela entraîne le rejet d’énormes quantités de dioxyde de carbone […] La quantité totale de dioxyde de carbone présente dans l’atmosphère a donc considérablement augmenté. […] L’augmentation a été d’environ 15 % au cours des 150 dernières années, ce qui n’est pas négligeable. Et […] si la consommation de charbon et de pétrole continue au même rythme dans les années à venir, la concentration de dioxyde de carbone atteindra 400 parties par million aux alentours de 2010 […]. Cette augmentation de la concentration est assez préoccupante […] le dioxyde de carbone joue un rôle important dans l’équilibre thermique de l’atmosphère […] l’air plus riche en dioxyde de carbone absorbe davantage de rayonnement et se réchauffe. Il est donc possible de craindre une augmentation de la température moyenne de l’atmosphère. Les ordres de grandeur calculés sont évidemment faibles (de 1 à 1,5 °C) mais pourraient avoir des impacts importants. La circulation atmosphérique pourrait être modifiée, et il n’est pas impossible, selon certains, de prévoir au moins une fonte partielle des calottes glaciaires polaires, ce qui entraînerait certainement une élévation significative du niveau de la mer. Les conséquences catastrophiques sont faciles à imaginer.

Il y a de nombreuses études sur la communication des compagnies pétrolières concernant le climat et les actions entreprises.

Celle-ci, par exemple, porte sur les prévisions des scientifiques d’Exxon concernant le réchauffement climatique de 1977 à 2003 : https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/ab89d5 Ils avaient raison et étaient précis.

Cependant, leurs appels sont restés lettre morte. Dans le domaine de la responsabilité des entreprises, un récit cohérent se dessine dans toutes les organisations. Tout comme nous pouvons trouver des preuves de leur prise de conscience des conséquences écologiques de leurs actions, nous pouvons également plonger dans une multitude de documents de lobbying aux États-Unis et dans l’Union européenne. Ces documents éclairent un effort concerté pour inciter les politiciens à adopter une position plus indulgente et progressive en ce qui concerne les taxes sur le carbone et les obligations environnementales au fil du temps.

Il s’agit d’un récit qui transcende les frontières géographiques et les secteurs industriels, soulignant l’influence profonde des entreprises dans le domaine politique. En remontant le cours de l’histoire, ces efforts de lobbying se révèlent comme une intrigue remarquable dans la saga plus large de la responsabilité des entreprises. De nos jours, Total Energies se retrouve impliqué dans de nombreuses batailles juridiques alors qu’un nombre croissant d’organisations non gouvernementales expriment leur mécontentement face à la quête incessante du conglomérat français de nouvelles réserves de pétrole. Cependant, un mouvement mondial en faveur d’un traité de non-prolifération prend de l’ampleur : « Initiée en 2020, cette idée recueille désormais le soutien du Parlement européen, de l’Organisation mondiale de la santé, d’environ 70 villes, dont Paris, Londres, Lima et Calcutta, de 100 lauréats du prix Nobel, de 3 000 scientifiques et de 1 800 organisations de la société civile », révèle Alex Rafalowicz, le directeur de l’initiative.

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